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Cette semaine, nous avons le plaisir de compter avec l´apport de Mariam Traoré, archéologue du Burkina Faso et étudiante en these du master TPTI.

jueves, 10 de marzo de 2011

L’archéologie préventive, archéologie pour le développement : de la valorisation du patrimoine archéologique au Burkina Faso par Mariam TRAORE

Les recherches archéologiques au Burkina Faso sont très récentes. Elles sont véritablement débutées avec l’ouverture du Laboratoire d’Archéologie de l’université de Ouagadougou dans les années 1970. Même s’il faut noter que le pays avait, auparavant, fait de l’objet de prospections et de ramassages de vestiges de surface durant l’époque coloniale. L’ouverture du laboratoire d’archéologie sonne le glas de l’archéologie burkinabé faite par des spécialistes et aussi par nationaux . Le métier d’archéologue au Burkina relève d’un parcours de combattant c'est-à-dire « un véritable sacerdoce que l’abnégation des chercheurs peuvent surmonter ». Elle se caractérise par un manque de moyens financiers mais aussi de personnels. Ce qui fait que l’ensemble du pays peine à être couvert par les recherches. Le champ d’étude de l’archéologie burkinabé, en général, porte sur l’étude des l’implantation des différentes populations et aussi sur leurs savoirs faire locaux notamment en ce qui concerne la métallurgie et la production céramique. On pourrait de ce fait qualifier l’archéologie burkinabé de « classique ». Mais à partir des années 2000, cette jeune discipline a amorcé un tournant fondamental de son histoire en débutant l’ère de l’archéologie expérimentale . Malheureusement les expériences n’ont jusqu’à ce jour portées que sur la métallurgie.

L’archéologie préventive dans le contexte burkinabé
L’archéologie préventive ou de sauvetage consiste à « l'intervention des archéologues en préalable au chantier d'aménagement, pour effectuer un « diagnostic » et, si nécessaire, une fouille » Pays en voie de développement, le Burkina Faso est un véritable chantier en ce qui concerne l’aménagement de son territoire. L’archéologie devait donc trouver au Burkina, un véritable champ d’étude. Mais cela n’est pas le cas et les archéologues burkinabé assistent impuissants à la destruction des vestiges du passé. En effet les travaux d’aménagement constituent un danger pour le patrimoine car ils ne sont pas souvent accompagnés d’études d’impact ou d’évaluation du potentiel archéologique. Ce qui contribue à la destruction des sites et vestiges importants pour l’écriture de l’histoire du pays. Ce constat est fait sans ambigüité par Oumarou Nao en ces termes « au Burkina Faso, à travers quelques sites, l’absence d’études d’impact incluant l’archéologie préventive à fait payer à l’histoire un lourd tribut. On sait par exemple qu’une partie des ruines de Loropéni a été détruite lors de la construction de la route Banfora-Gaoua. A Ouagadougou comme à Bobo, on a mis au jour, lors des travaux de fondation de certains immeubles, des poteries et d’intéressants objets qui n’ont ému personne et qui n’ont jamais été présentés aux chercheurs. Il y’a moins de dix ans, les débuts de la construction du grand barrage de Ziga ont fait l’objet de critiques timides ignorées. Des travaux sur ce site auraient permis de mieux connaitre l’histoire du Moogo central, dont la zone est pleinement concernée par le barrage ». Malgré ce constat amer, il y’a eu quelques expéditions d’archéologie préventive même si elles se comptent au compte goutte. L’exemple des fouilles du site d’implantation du siège de l’ONEA (office nationale de l’eau et de l’assainissement du Burkina Faso) dans les années 2000 et plus récemment en 2007-2009 des fouilles de sauvetage initiées sur le chantier aurifère d’Essakane sont à saluer. Même s’il convient de noter que ceci demeurent insignifiants au regard du nombre des travaux d’aménagement qui se déroulent au Burkina Faso. Cela est déplorable surtout la majorité de ces travaux ont pour maître d’ouvrage l’Etat burkinabé.

Archéologie pour le développement
Nouveau concept apparu très récemment et développé par l’Université de Padova, l’archéologie pour le développement entend s’inspirer de la mise au jour des techniques et savoir-faire anciens des peuples pour envisager leur réappropriation dans l’optique du développement. Elle peut se comprendre comme une mise en application des découvertes mises au jour par les archéologues. Le concept d’archéologie pour le développement renvoie à celui d’archéologie appliquée. L’archéologie pour le développement peut se définir comme « une combinaison opérationnelle de la recherche fondamentale et de valorisation des résultats dans une optique de développement et de formation professionnelle. » Faire de l’archéologie pour le développement c’est aussi faire de « l’archéologie publique », c'est-à-dire associer la population locale aux recherches archéologiques à travers sa participation. Le patrimoine archéologique étant constitué à la fois d’éléments matériels (les sites, monuments et vestiges) et d’éléments immatériels, (les données relatives au mode de vie, aux techniques et savoir-faire et aux croyances des hommes du passé), l’archéologie pour le développement propose la réappropriation de ces connaissances issues du passé sur les plans agricoles, et techniques , dans une dynamique de développement des sociétés. L’archéologie pour le développement se traduit donc en pratique par la mise en valeur des savoir-faire et des connaissances passés. Elle propose une restitution des connaissances au public d’où le qualificatif d’ « archéologie publique » qui est souvent attribué à ce concept. Il doit servir comme le dit si bien Armando de Guio à «vendre le passé pour acheter le futur ». L’archéologie pour le développement s’occupe, en outre, de la conservation des ressources naturelles et culturelles. Elle s’intéresse aussi au domaine du tourisme culturel, et à la sauvegarde de la diversité éco-culturelle.

De la valorisation du patrimoine archéologique au Burkina
Pays enclavé et sans ressources naturelles, donc économiquement limité, le Burkina Faso a fait de la culture un secteur rentable. Il a de ce fait institutionnalisé l’organisation de manifestations culturelles telles que le SIAO (Salon international de l’artisanat africain), le FESPACO (festival panafricain du cinéma africain, le FITMO (festival international de théâtre et de marionnettes de Ouagadougou) la SNC (semaine nationale de la culture). L’organisation de ces manifestations culturelles s’est même décentralisée, chaque collectivité territoriale ou ethnique ayant sa propre manifestation culturelle. La culture est de ce fait devenue un levier important pour le développement des collectivités locales. Cependant cette valorisation ne se limite qu’à ces aspects folkloriques. Un pan important du patrimoine est donc négligé notamment en ce qui concerne le patrimoine archéologique. Or l’importance du patrimoine archéologique pour une nation n’est plus à démontrer. Il constitue le passé culturel de notre pays et leur valeur historique nous renseigne sur l’évolution de nos sociétés actuelles.

Il apparaît donc opportun de poser des questions sur les possibilités de valoriser le patrimoine archéologique au Burkina. Sans pour autant répondre directement à cette question, nous chercherons à répondre à celle qui se pose en amont vu l’ensemble des maux auxquels sont confrontés les archéologues burkinabé. La valorisation du patrimoine archéologique passe d’abord nécessairement par la reconnaissance du rôle que l’archéologie peut jouer. Pour ce faire il convient d’impulser un second rôle, une nouvelle dynamique à l’archéologie burkinabé, certes il est important de poursuivre la fonction traditionnelle de toute archéologie qui est la mise au jour de vestiges, mais les exemples d’archéologie expérimentale doit être étendus à d’autres domaines tels que la production céramique. Par ailleurs il appartient aux archéologues et aussi chargés de la protection et gestion du patrimoine de sensibiliser la population mais aussi autorités étatiques sur l’importance de l’archéologie notamment celle de l’archéologie préventive car « Chaque nation, aussi diverse soit-elle dans ses composantes, doit pouvoir s'enraciner dans une longue histoire et comprendre le territoire qu'elle occupe. Un patrimoine est moins ce que l'ont reçoit de ses prédécesseurs que ce l'on transmet à ses successeurs .» Par ailleurs la mise en application du projet « Paléo/ethno-métallurgie alpine et Sub-Saharienne:De la recherche à l’Archéologie pour le Développement » dans la région du Sourou est une bonne initiative qui permettra à l’archéologie burkinabé de prendre son envol. La multiplication et l’extension des projets similaires portant sur l’archéologie pour le développement sont à envisager pour permettre à l’archéologie burkinabé de pouvoir s’affirmer comme une discipline qui peut être prise en compte dans les politiques de développement socioculturel et économique du pays.

Eléments bibliographiques
Koté Lassina and Millogo Kalo Antoine. Elément d’archéologie ouest africaine I. (Burkina Faso, Nouakchott, Sépia /CRIAA, 2001),
Ki Léonce, « Les mutations du système technique du travail du fer du XVIIIe au XXe siècle : cas du village de Twanré et de la ville de Bobo Dioulasso (Burkina Faso) » (mémoire de TPTI, 2009) 135.
Nao, (Oumarou). « Archéologie préventive et préservation du patrimoine culturel au Burkina Faso » in archéologie préventive en Afrique. Enjeux et perspectives. (Editions Sépia, 2007), 100-102.



Renfrew Colin and Bahn Paul. Archaeology: theories, methods and practice. (London, Thames &Hudson, 2004), 656p.
Projet Paléo/ethno-métallurgie: Alpine et Sub-Saharienne: De la recherche à l’ ”Archéologie pour le Développement”
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/L-archeologiepreventive/Definition/p-294-Sauver-les-archives-du-sol.htm
http://www.histoire-afrique.org

1 comentario:

  1. L’article de Mariam Traoré touche une question très pertinente à savoir : l’étude et la mise en valorisation du patrimoine archéologique dans un contexte de développement et de valorisation territorial. C’est un article de très bonne facture. L’auteur nous présente d’entrée, une synthèse de l’évolution de l’archéologie au Burkina. L’archéologie préventive et son rôle sont également présentés à travers quelques exemples concrets. La grande pertinence de cet article reste sans conteste que son auteur pointe du doigt le rapport entre l’archéologie et le développement dans un pays « économiquement limité ». C’est une problématique qui est d’actualité et qui concerne surtout les nations en construction. Pour l’application du concept d’archéologie pour le développement dans un pays comme le Burkina Faso, il faut une sensibilisation à tous les niveaux. L’archéologie peux bien contribuer au développement mais cela ne peut être ni la tâche des seuls gouvernants ou des archéologues. Le rôle et la participation des populations à la base est déterminante dans tout projet de développement. Aussi, la protection de ce patrimoine ne peut se fonder uniquement sur la mise en œuvre des techniques de l'archéologie. Elle exige une base plus large de connaissances et de compétences professionnelles et scientifiques. Certains éléments du patrimoine archéologique font partie de structures architecturales, en ce cas, ils doivent être protégés dans le respect des critères concernant le patrimoine architectural énoncés en 1964 par la Charte de Venise sur la restauration et la conservation des monuments et des sites; d'autres font partie des traditions vivantes des populations autochtones dont la participation devient alors essentielle pour leur protection et leur conservation.
    Par ailleurs, comme l’écrit Traoré, l’archéologie est un instrument au service du développement mais pour jouer efficacement ce rôle l’archéologie burkinabé (s’il en existe une) a elle-même besoin de se développer.

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